Brève histoire de la densité urbaine & 5 idées pour l'avenir : Kent Larson

En un quart d'heure, Kent Larson, architecte et directeur du programme Home_n au MIT, pionnier de l'architecture open source, brosse une histoire de la densité urbaine et la prolonge par un prospective autour de cinq concepts innovants. La vidéo étant à la fois dense et intéressante. Elle rassemble des tendances très actuelles et les illustre avec des exemples concrets. Je vous propose de la regarder ou de lire le petit compte rendu ci-dessous.



Histoire de la densité des villes
Les premiers regroupements humains se sont faits autour des points d'accès à l'eau,
La possibilité d'accéder à pied aux ressources essentiels marque l'organisation des villages comme nous pouvons le constater dans les zones rurales traditionnelles.
Longtemps, le foyer familial est multi fonctionnel. Il permettait la culture et l'élevage, la production d'eau et d'énergie et la majorité des fonctions sociales, culturelles ou médicales.  
Lors de la révolution industrielles, les installations se sont spécialisées : usines, hôpitaux, écoles, centrales énergétique... et les réseaux se sont développés.
Cette organisation conduit aux développement de l'étalement urbain ou "Sprawl". 
Ce modèle "obsolète" (je cite), est, aujourd'hui encore, celui qui sert de référence pour la conception de milliers de nouvelles villes, notamment en Chine ou il faut accueillir quelques 300 millions de nouveaux urbains dans le 15 ans qui viennent.
L'attractivité et l'importance des villes va encore augmenter au XXI siècle.
Grâce au développement d'internet, les "bureaux" espaces spécialisés dans la production vont devenir obsolètes, et la maison va redevenir un lieu polyvalent pour le travail, les achats, l'éducation et les loisirs... Dans le même temps, les produits : vêtements, biens de consommation sont de plus en plus personnalisés et de moins en moins standards. 

L'avenir
A partir de ces constats, Kent Larson imagine la ville idéale et propose de s'inspirer de... Paris au début du XXème siècle. (Voire minute 3.53). La répartition des commerces, cafés, écoles et autres lieux de vie permet d'accéder à presque toutes les ressources dans en rayon compatible avec un déplacement à pied ou en vélo. Il illustre ce phénomène en comparant des cartes de densité de Paris avec celles de villes plus récentes comme Pitsburg... (Voir la comparaison des données cartographiques).

Il faut viser des réseaux de cellules urbaines denses d'un rayon d'un mile correspondant à 20 minutes de marche à pied, pour environ 20 à 50 000 habitants.Ces quartiers, reliés entre eux par des réseaux de transports publics, peuvent mettre en place des infrastructures de mobilité nouvelles : axes piétonniers comme à Boulder, Séoul ou Manhattan, des vélos en libre services, des pistes cyclables comme à Copenhague où plus de 40% des déplacements se font en vélo...

Le partage des véhicules, type Vélib ou Autolib est alors un facteur clés pour éviter de consacrer trop d'espace à la circulation automobile et au stationnement des véhicules personnels.
La première idée de Kent porte sur des voitures électriques "pliables" et partagées qui occupent jusqu'à 28 fois moins de place d'un parc automobile actuel pour une production de mobilité personnelle équivalente.
Le thème, qui m'est cher, de la cohabitation des modes, est rapidement évoqué (Minute 9.30) avec la présentation d'un concept permettant aux voitures d'interagir avec les piétons pour leur signaler qu'ils ont bien été "vus" par le véhicule. 

Un tricycle à assistance électrique permet de démocratiser l'accès aux pistes cyclables pour tout ceux qui sont rebutés par l'effort ou les contraintes vestimentaires liées au vélo. Un concept pour réconcilier vieillissement de la population, lutte contre l'obésité, économie d'énergie, mobilité et encombrements !

L'absence de logements à des prix accessibles en centre ville constitue aussi une limite au développement harmonieux des métropoles. Pour traiter ce problème, Kent Larson propose de travailler sur des modules habitables personnalisables, polyvallents et robotisés. Le concept est illustré de façon spectaculaire en 11.45. Il ne s'agit pas de "logements intelligents", mais de "logements idiots" aménagés avec des "choses intelligentes". 

L'éclairage intelligent par exemple (projet développé avec Siemens) s'adapte automatiquement aux besoins des occupants et économise de l'énergie. L'utilisation de la lumière solaire peut aussi être optimisée via des réflecteurs automatiques. 

Enfin, le recours à des espaces partagés pour le travail, le prototypage, les loisirs... permet d'envisager cette ville du futur, à la fois dense, durable et agréable à vivre.